Lors du 26ᵉ Forum international de Réalités, un panel consacré aux perspectives de la coopération tuniso-européenne et intermaghrébine dans le secteur du tourisme a mis en lumière un enjeu crucial : l’intégration économique régionale des pays du Maghreb.
Kamel Habbachi, directeur général adjoint de la BMICE (Banque Maghrébine pour l’Investissement et le Commerce Extérieur), a exposé les défis de cette intégration et le rôle stratégique que pourrait jouer le secteur du tourisme.
Une intégration qui repose sur deux piliers
Habbachi a détaillé deux approches complémentaires pour renforcer l’intégration maghrébine dans ce secteur. La première repose sur des facteurs d’intégration dits “matériels”, tels que le développement de projets conjoints dans des secteurs clés comme l’automobile, la santé ou l’agriculture. Ces initiatives, bien qu’efficaces dans d’autres domaines, peinent à s’imposer dans le secteur du tourisme. “À ce jour, nous n’avons identifié aucun projet touristique dans notre portefeuille qui contribue à l’intégration régionale”, a-t-il regretté.
La seconde approche, plus structurante, appelle à la création d’une véritable chaîne de valeur régionale. Cet outil, encore inexistant, permettrait de transformer les pays maghrébins d’acteurs isolés en partenaires complémentaires, unis par une vision commune. Selon Habbachi, cette collaboration est essentielle pour dépasser une logique de simple concurrence et “créer de la richesse ensemble”.
Et malgré son potentiel, le secteur du tourisme maghrébin reste en retrait. Les indicateurs économiques montrent que seul le Maroc affiche des performances significatives, avec une contribution notable au PIB et aux exportations. En Tunisie et en Algérie, en revanche, le secteur souffre d’un manque de structuration et de projets intégrés à l’échelle régionale.
Dans ce cadre, Habbachi a souligné que l’absence d’une vision commune limite la capacité des pays à exploiter leurs complémentarités. “Nous disposons de plusieurs avantages compétitifs et d’une certaine maturité dans plusieurs domaines qui pourraient alimenter cette chaîne de valeur”, a-t-il affirmé, tout en insistant sur l’urgence d’un changement de paradigme.
Une nouvelle gouvernance pour le Maghreb
Pour surmonter ces obstacles, l’intégration régionale dans le tourisme devra s’accompagner d’une gouvernance renouvelée, alignée sur les principes ESG (Environnement, Social et Gouvernance). Cette approche, selon lui, permettrait de financer des projets durables et innovants, tout en répondant aux exigences sociales et environnementales croissantes des investisseurs.
À cet égard, Kamel Habbachi a appelé à une action concertée et immédiate pour bâtir cette chaîne de valeur régionale. Selon lui, il est impératif que les pays maghrébins cessent de se percevoir comme des concurrents et se positionnent comme des partenaires stratégiques. Une telle vision pourrait non seulement dynamiser le tourisme, mais également servir de modèle pour d’autres secteurs clés.
Selon Habbachi, cet appel met en lumière une réalité incontournable : l’intégration maghrébine ne pourra se faire sans une coopération structurée et une mobilisation collective autour d’un objectif commun.